Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/105

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d’enserrer les bras jusqu’à partir des aisselles, cachées ainsi que la gorge sous un étroit corset de tabis écarlate. De ces bracelets, les premiers sont coudés en chevron à la façon des bagues que portent les bayadères ; les autres, de section ronde, forment le cercle parfait ou se contournent en spirale ainsi que les torques antiques. Les mains, couvertes par des fermaux circulaires, vastes rosaces d’or où se relèvent en bosse les turquoises, semblent des gantelets continuant la défense des bras armés d’anneaux sur toute leur longueur. Aux doigts sont passées tant de bagues que les phalanges pourraient à peine se ployer. Les pieds nus en portent aussi aux orteils, et les chevilles se perdent sous les anneaux pesants où se balancent des globules d’or.

L’épousée, les mains ouvertes reposant sur ses genoux, demeure figée dans son attitude d’idole. Elle paraît sommeiller doucement. Seule, sa gorge superbe, qui palpite au rythme de son souffle, indique qu’elle vit. Ses paupières sont baissées, et ses joues ombrées par ses cils plus crochus que les hameçons des pêcheurs. C’est une femme très belle, déjà mure pour ces pays de l’Inde, car elle a atteint ses vingt ans.