Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/115

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tention de la petite fée domestique, et elle s’enfuit, sautillant sur un pied, dans la résonance de ses crotales d’or, telle une reine de Saba en dimensions réduites. Alors on aspergea tout un chacun avec des instruments d’argent. Leur long col, terminé par une pomme, laissait dégoutter l’eau de roses. Puis l’on recommença l’opération avec de l’eau de sandal contenue dans deux coupes d’argent. — Nous sommes aspergés, des premiers, par l’hôte en personne ; sa femme asperge les dames indiennes et leurs filles qui se divertissent en croquant du sucre candi. Les plateaux circulent. Les bras bronzés plongent avec un cliquetis d’anneaux parmi les friandises. On nous offre de la limonade et du vin de Champagne. Et la cérémonie continue, après cet intermède, dans le luxe discret, intime, écrasant, barbare, où tout brille, reluit, embaume, parle aux sens. Les métaux précieux, les gemmes, les perles se mesureraient au boisseau ; les soies de Bénarès, les satins brochés du Penjab, les mousselines de Dacca lamées d’argent et d’or fin s’auneraient par brasses. Et tout cela couvre et découvre, au gré des mouvements, les chairs lustrées dont le ton varie du bronze noir au chamois le plus clair,