Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/134

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autre, de vrais festins à une multitude d’indigents. Le caractère indien pousse tout vers l’ostentation. Une œuvre charitable ne vaut donc, à leurs yeux, que si le pays tout entier la connaît. Là donc, tout comme dans les mariages, c’est à qui se saignera aux quatre membres pour paraître. La concurrence pèse sur tous. Et l’on en est venu à payer les pauvres pour les décider à accepter l’aumône nourricière. Ce sont les obligés qui dictent la loi aux bienfaiteurs.

La grève des pauvres à la fête de Maïlom fat sans doute une revanche sociale. Ils se refusèrent à manger le repas que les pénitents avaient fait vœu de leur offrir. Les serviteurs des villages avaient pourtant tout préparé avec le plus grand soin. Le riz accommodé au mieux, le poisson épicé, le carry, le mouloukoutany, — c’est un bouillon de poule, poivré, et de la plus haute saveur, — toutes sortes de mets étaient là, disposés dans des jattes de cuivre, ou sur des assiettes en feuilles de nénufar, ce qui est la perfection du genre. Le couvert était mis sur le sol pour soixante personnes.

Vous vous imaginez peut-être que parmi les misérables, réunis là au nombre de plusieurs