Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/160

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man, à longue barbe, de long velu, chaussé de babouches, a son luth dressé sous le bras. La chanteuse qu’il accompagne est enveloppée dans ses voiles de crêpe peint. La diseuse de chansons lève un doigt comme qui détaille un monologue nuancé. Une bayadère, les poings sur ses hanches évasées, amble, les jarrets à demi-pliés, la retombée de ses pagnes élargie en queue de paon effleure la terre. Une autre danse mollement, et ses aplombs sont gardés dans le parfait équilibre ; on croirait qu’elle va bondir et s’élancer de son socle. Tous les gestes sont naïfs, naturels, sincères ; tous les caractères observés. Les chairs, les cheveux, les tissus, les bijoux, sont peints au naturel. Tout vit, tout vibre, tout luit, dans l’éclat de la peinture, des ors, des émaux diaprés. Les yeux brillent avec une expression malicieuse, les bouches minuscules font la moue, ricanent, sourient par l’artifice de petites touches de carmin bien placées. Les plis des chairs sont accentués par le rose, ceux des étoffes par des rehauts, des lumières, des ombres, où les tons gardent toujours leur valeur, et les ornements suivent le mouvement avec une ingénieuse fidélité. Tout est en proportion, en harmonie, à sa place.