Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/185

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Le joueur de clarinette n’est pourtant qu’un pauvre compagnon à côté du natouva, chef d’orchestre. Celui-là porte sur son ventre un tambour étroit, horizontalement suspendu à son cou par une corde, tout comme les dames font aujourd’hui pour leur manchon. Une housse en tapisserie habille le tambour. Pour fatiguée qu’elle soit, j’y distingue les armes de la maison de Hanovre, la licorne et le léopard anglais. Sur les deux tympans de peau d’âne, le natouva frappe de ses paumes ou de ses doigts, sans relâche. De l’orchestre il règle ainsi la cadence et il en constitue la partie fondamentale. Sa tête, ses épaules, son torse, son ventre même, battent la mesure. Et ses coudes s’escriment sur ses flancs ; ses cuisses, ses jarrets, ses jambes, ses pieds, animés d’une agitation perpétuelle, concourent à l’œuvre. Et, par-dessus tout, des gloussements inarticulés ou des glapissements aigus, émis en temps utile par le convulsionnaire, servent d’avertissement aux trois autres musiciens, et même au public, quand il va se dire, se chanter ou se passer quelque chose de véritablement important.

Ayant en vain obsédé Paul Mimande, puis le procureur de la République que la présence de