Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/244

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la mer, ce chef de pierre fut transporté dans le pagotin primitif, où sa présence s’affirma par quantité de prodiges. Jamais il n’en doit sortir. À côté, on conserve une statue de bois, non moins vénérée. Elle représente le corps de la Parachi. L’image que l’on exhibe sur un char, pendant les cérémonies, est en bronze.

C’est elle que nous voyons s’avancer sur la route. Elle disparaît sous des guirlandes. Un brahme et des Poussaris, prêtres de basse caste, la flanquent et tapent sur des nacaires de cuivre. Jusque sous les chevaux cabrés du quadrige en bois sculpté et peint, la foule s’écrase pour recevoir les fleurs qui ont touché la déesse, et que le brahme lance à poignées. Tous, hommes et femmes, se disputent les pétales, se les arrachent, se les rejettent après les avoir portés à leur front. Le cocher tricéphale qui se dresse à l’avant du char, entre les lions bondissants et les pions de bois doré, sourit de ses trois bouches, de ses six yeux, à la multitude qu’il domine. Les fidèles se bousculent dans leur empressement à tirer sur les cordes, et le véhicule où trône la Mariammin de bronze progresse lentement, secoué au hasard des ornières, tel un vaisseau bercé par la houle.