Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/246

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le premier avertissement du chef de la police avant de nous laisser pénétrer dans cette foule. Les voleurs subtils y abondent, malgré la précaution qu’il a prise d’arrêter préventivement les plus réputés de ces industriels. Je les ai vus, les bons callers, dignes représentants de cette vieille caste qui eut jadis l’honneur, paraît-il, de fournir quelques rois à l’Inde. Ce sont des filous notoires qui ont passé du territoire anglais sur le nôtre dans la louable intention de travailler de leurs mains aux fêtes de la Déesse. Ils se tiennent rangés sous l’auvent du poste et attendent patiemment la fin de la cérémonie pour être relâchés et pouvoir retourner à leurs besognes. Des femmes sont mêlées aux hommes. Le commissaire me les a exhibées : aimables personnes, très convenables, elles ont une mine décente et savent sourire sans montrer les petits morceaux de verre qu’elles tiennent cachés entre leurs lèvres et leurs gencives, et dont elles se servent avec art pour trancher les fils des colliers.

Mais nous voici à l’entrée de la pagode où nous sommes salués par l’éléphant quêteur. Il a été prêté par le temple sacro-saint de Conjeveram. Saluant de la tête, il s’agenouille à