Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/251

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Les odeurs écœurantes de ces pèlerins se confondent avec les parfums âcres ou délicats des résines et des gommes qui crépitent dans les vases de cuivre. Le camphre flambe avec des lueurs vertes sur les feuilles de margousier, sur les plateaux, les trépieds de bronze, et mêle ses vapeurs à celles de mille lampes fumeuses, des lampions accrochés par centaines à des herses. Les relents des huiles rances, des fritures, dominent le tout, même la senteur du sucre qui se carbonise sur des fourneaux où des marchands cuisinent gravement en plein vent, adossés aux frises sculptées du temple. Dès qu’ils ont accompli leurs dévotions, les pèlerins s’empressent d’acheter des victuailles et de s’installer sous les vastes pandals qui les attendent. Là, assis à l’ombre, à même la terre ou sur des nattes, ils mangent, boivent, causent gaiement. N’était l’absence de végétation en la région aride, on dirait que ces familles font une partie de campagne.

Quand je traverse leurs petites assemblées, tous me regardent avec une bienveillante indifférence. Ma vue ne les intéresse en rien, et c’est assez naturel. Tout au plaisir de leur voyage mené à bonne fin, ils festoient, s’ébattent, ba-