Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/72

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sanias, il prétend nous expliquer les dieux et les cérémonies de leur culte. Je l’écoute : chacune de ses paroles est une calembredaine. Sans connaître Lucien, l’homme du phonographe va sur ses brisées. Pour lui, les grandes déesses sont des blanchisseuses, les dieux aux cent bras des cordonniers ou des vachers. Je m’éloigne, laissant le malin de village pérorer dans son cercle de métis. Ses plates parodies finiraient par ternir l’éclat des fêtes de Çiva, dieu de la Force et de la Mort.

Je joins enfin le taureau d’argent. Il va servir de monture au dieu lui-même dont on célèbre la gloire depuis cinq jours et cinq nuits. Chacune d’elles, Çiva aux trois yeux est promené sur un animal différent. Hier ce fut le taureau d’or, avant-hier l’éléphant, ainsi des autres. La bête puissante se dresse sur son socle. Le bois sculpté dont elle est faite disparaît sous un épais revêtement d’argent façonné au marteau, depuis les cornes tournées en cylindres, jusqu’aux sabots soigneusement imités. Un tigre d’or dressé sert de tenon, sous le ventre. Ce taureau, beaucoup plus grand que nature, a coûté fort cher. Son habillement d’argent, refait assez récemment, et offert à la pagode par le fameux Calvé