Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/77

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là aussi est une porteuse d’huile, et son torse de bronze, luisant aux feux des flambeaux, emprunte ses reflets aux tons sanglants de ses pagnes et de son court corset en brassière. Elle se perd dans le cortège qui côtoie la pagode. À droite, à gauche, des lumières volent rapidement, escortant la fuite d’un parasol sous lequel une petite divinité passe, légère ainsi qu’un oiseau d’or. Chacune représente un gardien, un pion à massue qui mène surveillance autour du temple, autour des dieux, tant les mauvais génies sont subtils, toujours prêts à nuire, si on ne s’occupe de les écarter.

Les trois idoles, toujours de front, se rapprochent du char où on va les déposer pour qu’elles parcourent sept fois la grande rue avant de commencer le tour de la pagode. La foule est si pressée qu’elle figure les flots d’une mer houleuse où flotteraient les images des dieux. Les tambours battent, la trompette géante mugit, et le grand taureau luit en éclairs d’argent avec son fardeau divin emmailloté de fleurs. Des montants du char dévalent en cascades les guirlandes de jasmin. Rappelant un démesuré lit à colonnes, ce char large de huit mètres en a six de hauteur. Et comme les roues sont disposées