Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/79

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de Bengale qui brûlent sans interruption, et sur ce fond rouge les flammes des torches apparaissent vertes.

Dans une pareille cohue, le plus sage est de précéder la foule. Nous partons en avant pour nous arrêter sous la véranda d’une maison musulmane où l’on nous donne des places avec la meilleure volonté. Assis sur un banc de maçonnerie, nous ne perdons rien du spectacle. Autour de nous, au-dessus, en face, les maisons sont chargées, jusqu’aux toits, de femmes. Les pagnes et les voiles noirs, violets, verts, ou jaunes, flambés d’orange, diaprés de bleu, couleur d’aurore, couleur de sang, confondent leurs tons, s’unissent par nappes irisées où éclatent çà et là les luisants des bijoux sous la lumière frisante. Puis des pans entiers restent dans la demi-teinte d’une nuit éclairée par la lune, tandis que le bout de la rue n’est plus qu’une immense fournaise où tout, hommes, maisons, arbres, et jusqu’à l’air même, semble flamber sous une pluie de flammèches d’or, cependant que les trois divinités avancent lentement sur le fond teinté de rubis… Et je me suis décidé à rentrer, non sans peine, à m’arracher de la merveilleuse vision. Mais les fêtes