Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/96

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brent la vertu des dieux. Leurs voix ne cessent de se faire entendre tant que le radeau vogue autour des gradins de l’étang. Il doit en faire sept fois le tour. Voici le premier voyage accompli. La pagode flottante s’arrête devant le grand perron. L’aspect est féerique. Des feux de Bengale allumés aux quatre angles de la pièce d’eau ensanglantent l’horizon, les premiers plans semblent fondre dans une fournaise. Devant l’autel, les Brahmes brûlent le camphre qui monte en flammes vertes, l’autel resplendit, tel un bloc de métal en fusion. Mais l’embrasement rouge domine tout. On dirait une ville en flammes dont le peuple envahit les places. Les bayadères, aux pieds de Çiva, paraissent des princesses captives chargées de chaînes d’argent. Immobiles, dans leur attitude d’idoles, elles continuent de chanter. Leur mélopée plaintive monte comme des supplications d’esclaves, leurs yeux brillent ; on croirait voir des larmes en tomber par cascades sous la clarté aveuglante de l’atmosphère empourprée.

Toujours je reverrai le pagolin d’or glissant sur l’eau noire, pareil à une image de rêve. Et j’ai pensé aux fêtes de Moloch dévorateur, aux temples de Babylone avec ses hiérodules pros-