Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/98

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eût dites éclairées par la lune. Mais les saïs, les pions, écartent la cohue des chariots, on bâtonne à tel point un zébu et son vindikarin récalcitrant que la pitié me prend. La femme qui se blottit, effarée, sous le berceau de son char, est tellement belle que je la laisse passer en avant, et je passe au cou de son bœuf, aux cornes dorées, une guirlande de fleurs. Les roues continuent de crier, les gens de s’encourager, les clochettes de sonner, par un vieux reste d’habitude, on se range encore devant la voiture du Gouverneur. Les mendiants nous escortent en nous implorant d’une voix lamentable, et l’un d’eux nous flanque en faisant la roue. C’est à croire qu’un des diables de la pagode nous honore de sa conduite. Il est suivi par quelques buccinateurs, dont les cuivres jettent la terreur parmi tous les bœufs attelés. Mais les chevaux laissent vivement tout cela derrière eux, et, jusqu’à Pondichéry, nous retrouvons la paix majestueuse de la nuit. Seuls les oiseaux nocturnes donnent de la voix en coupant la route de leur vol silencieux et mou…