Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I.djvu/432

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consistans. Dans cette dernière situation, les haricots doivent être fort peu enterrés, attendu qu’ils pourrissent facilement. — Un pouce suffit généralement.

M. Mathieu de Dombasle croit que la meilleure manière de semer les haricots, dans la culture champêtre, est en rayons espacés de 18 pouces (0m50), en mettant 5 ou 6 graines par pied de longueur dans le rayon. On obtient certainement ainsi une grande économie de main-d’œuvre, mais on ne peut se dissimuler que la terre ne donne pas, à beaucoup près, tous les produits qu’on serait en droit d’en attendre à l’aide d’un semis plus rapproché, car diverses variétés naines peuvent se développer convenablement en rayons de moins de 12 po. (0m33). — En se tenant au premier espacement, on obtient une diminution très-sensible sur le temps employé aux binages et les frais occasionés par eux ; — on épuise moins le sol pour la culture suivante, mais aussi on récolte moins. Chacun, selon les moyens d’exécution dont il peut disposer et la position locale dans laquelle il se trouve, appréciera ce qu’il doit faire. — Dans les jardins, on sait qu’on cultive les haricots en planches de 1 à 1 ½ mètre, séparées par des petits sentiers qui permettent de sarcler et de biner au besoin. Là, les rayons sont rarement distans de plus de 6 à 8 pouces (15 à 20 cent.).

Lorsque la terre est humide et la température douce, les haricots lèvent assez promptement. Dans des circonstances moins favorables, il n’est pas rare de ne les voir sortir de terre qu’après une quinzaine de jours. Si, sur les terres un peu compactes, il survenait une pluie qui durcit la surface avant l’apparition des cotylédons, on se trouverait fort bien de donner un léger hersage. Cette opération, qui n’est, comme on voit, qu’accidentellement nécessaire, peut être considérée, lorsqu’on la juge telle, comme le complément du semis.

Les semis ne doivent être effectués, pour chaque climat, que lorsque les gelées printanières ne sont plus a craindre. Vers le centre de la France, on commence rarement avant la fin d’avril, et on a soin de ne pas dépasser celle de mai. Cependant la culture des haricots peut quelquefois succéder, la même année, soit à une récolte fourragère, soit même, si le sol est très-fécond, à une moisson précoce. — Dans les jardins, on sème de 8 en 8 jours, depuis la fin de mars jusqu’à la fin de juillet ; mais là, on peut mieux se procurer les abris nécessaires au printemps, et l’on peut remédier aux sécheresses de l’été par des arrosemens.

On doit juger, d’après ce qui précède, que la quantité de graines employées est fort variable. Il a été calculé, dit Bosc, qu’un arpent (sans doute ½ hectare) peut contenir 12,000 touffes de haricots de Soissons, qui absorbent environ 175 livres (87 kilog. ½) de semence.

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§ v. — Soins d’entretien et récoltes.

A peine les haricots ont-ils atteint 2 à 3 po. de haut (0m054 à 0m081), qu’on doit songer à leur donner un premier binage. — On leur en donne ordinairement un second, ou plutôt un butage, vers le moment de la floraison, et un troisième un mois plus tard.

Dans les jardins où l’on préfère frequemment les variétés grimpantes comme plus productives, on les rame dès que les filets commencent à s’alonger. Dans les champs, une pareille opération serait plus coûteuse que profitable. Pour la rendre inutile, on choisit des variétés naines.

Pendant leur croissance, les haricots redoutent autant une excessive sécheresse qu’une constante humidité. Dans le nord, les semis tardifs sont le plus souvent impossibles, parce que les pluies de la fin de l’été font pourrir les gousses et même les plantes qui les portent. — Dans le midi, le manque d’eau au printemps arrête le développement des tiges et empêche le grossissement des gousses. Aussi, les irrigations sont-elles, en pareil cas, une précieuse ressource. Lorsqu’elles ne sont pas possibles, on trouverait bien encore moyen de retenir la fraîcheur dans le sol en le couvrant, à la manière des jardiniers, d’un paillis, après le second binage, qui précède ordinairement les fortes chaleurs ; mais ce moyen, auquel j’ai pu recourir avec succès sur des cultures peu étendues[1], serait rarement praticable en grand, à moins que le voisinage de champs de genêts, de bruyères, ou la proximité des côtes et la facilité de se procurer des herbes marines n’en diminuassent singulièrement les frais.

Les haricots rames mûrissent fort inégalement, parce que leurs tiges florales continuent de s’élever long-temps après l’apparition des premiers boutons et la formation des premières gousses. C’est une raison de plus pour les exclure de la culture des champs. — Les haricots nains ne présentent pas au même degré cet inconvénient. Généralement on commence à les récolter au moment où la dessiccation avancée des dernières gousses, qui devance de quelque temps celle des tiges, permet d’arracher ces dernières sans inconvénient pour la bonté des produits. Il n’est pas sans importance de remarquer que les haricots récoltés les plus mûrs sont de meilleure qualité et d’une bien plus longue conservation que les autres. La meilleure

  1. Je possède un terrain tellement situé que, malgré sa nature argilo-sableuse, il se dessèche rapidement, et devient brûlant en été. À chaque pluie d’averse, à chaque arrosement un peu copieux, il se prend en masse à sa surface, de sorte que, faute d’eau et de binages multiplies à l’excès, je ne pourrais lui demander aucune récolte à demi productive. Depuis quelques années, j’ai assez bien paré au double inconvénient précité en répandant, après un premier ou un 2e binage, entre les rayons des cultures en lignes, des tontures de charme et d’aubépine trop grêles pour être utilisées à la boulangerie ou à la buanderie. Les résultats marqués de cette pratique ont été économie d’eau, de travail ; récoltes plus productives, et amélioration progressive du sol, par suite de l’enfouissement des branchages après la récolte. Cette dernière considération mérite à mon gré quelque attention. Du reste, je crois, comme il a été dit plus haut, qu’un pareil moyen ne peut être que rarement praticable tout-à-lait en grand. O.L.T