Page:Maistre - Les Soirées de Saint-Pétersbourg, Pélagaud, 1854, I.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ce que je possède encore, et la vie me paraît aussi belle que si j’étais encore dans l’âge de l’espérance.

Lorsque mon cœur oppressé me demande du repos, la lecture vient à mon secours. Tous mes livres sont là sous ma main : il m’en faut peu, car je suis depuis long-temps bien convaincu de la parfaite inutilité d’une foule d’ouvrages qui jouissent encore d’une grande réputation……

Les trois amis ayant débarqué et pris place autour de la table à thé, la conversation reprit son cours.

LE SÉNATEUR

Je suis charmé qu’une saillie de M. le chevalier vous ait fait naître l’idée d’une symposie philosophique. Le sujet que nous traiterons ne saurait être plus intéressant ; le bonheur des méchants, le malheur des justes ! C’est le grand scandale de la raison humaine. Pourrions-nous mieux employer une soirée qu’en la consacrant à l’examen de ce mystère de la métaphysique divine ? Nous serons conduits à sonder, autant du moins qu’il est permis à la foiblesse humaine, l’ensemble des voies de la Providence dans le gouver-