Page:Maistre - Les Soirées de Saint-Pétersbourg, Pélagaud, 1854, I.djvu/53

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DE SAINT-PÉTERSBOURG. 23 d’affirmer que la question qui nous occupe étant une fois posée exactement, la détermination intérieure de tout esprit bien fait devait nécessairement précéder la discussion.

                    LE CHEVALIER. 

Il me semble que M. le sénateur approuve, puisqu'il n’objecte rien. Quant à moi, j’ai toujours eu pour maxime de ne jamais contester sur les opinions utiles. Qu’il y ait une conscience pour l’esprit comme il y en a une pour le cœur, qu’un sentiment intérieur conduise l’homme de bien, et le mette en garde contre l’erreur dans les choses mêmes qui semblent exiger un appareil préliminaire d'études et de réflexions, c’est une opinion très digne de la sagesse divine et très honorable pour l’homme : ne jamais nier ce qui est utile, ne jamais soutenir ce qui pourrait nuire, c’est, à mon sens, une règle sacrée qui devrait surtout conduire les hommes que leur profession écarte comme moi des études approfondies. N'attendez donc aucune objection de ma part : cependant, sans nier que le sentiment chez moi ait déjà pris parti, je n’en prierai pas moins M. le comte de vouloir bien encore s’adresser à ma raison.