Page:Maistre - Les Soirées de Saint-Pétersbourg, Pélagaud, 1854, I.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DE SAINT-PÉTBRSBOURG, 71

rait dire même, rigoureusement parlant, qu'il n’y a qu'un monde, car la matière n’est rien. Essayez, s'il vous plaît, d’imaginer la matière existant seule, sans intelligence; jamais vous ne pourrez y parvenir.

LE COMTE.

Je pense aussi que personne ne peut nier les relations mutuelles du monde visible et du monde invisible. Il en résulte une double manière de les envisager; car l’un et l’autre peut être considéré, ou en lui-même, ou dans son rapport avec l'autre. C’est d’après cette division naturelle que j’abordai hier la question qui nous occupe. Je ne considérai d’abord que l’ordre purement temporel; et je vous demandais ensuite la permission de m’élever plus haut, lorsque je fus interrompu fort à propos par M. le sénateur. Aujourd’hui je continue.

Tout mal étant un châtiment, il s’ensuit que nul mal ne saurait être considéré comme nécessaire, et nul mal n’étant nécessaire , il s’ensuit que tout mal peut être prévenu ou par la suppression du crime qui l’avait rendu nécessaire, ou par la prière qui a la force de prévenir le châtiment ou de le mitiger.