Page:Malato - Philosophie de l'Anarchie, Stock, 1897.djvu/160

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institutions politiques et sociales de l’humanité, on n’anéantira ni en un jour ni en un siècle le souvenir de son histoire, de ses efforts, de ses ébauches. À quelques pas des massives divinités assyriennes, la Vénus de Milo apparaît comme une évocation du génie grec. Les madones déjà vivantes de Raphaël reposent des froides vierges de marbre couchées sur les sépulcres chrétiens. Murillo, Rubens, Watteau, vos personnages si différents, nerveux, hâlés, épanouis, débordant de chair, roses et pomponnés font revivre les siècles écoulés. Qu’on déboulonne une deuxième fois la colonne Vendôme monument élevé à la gloire du crime ; qu’on jette bas les statues de Louis XIV, de Henri IV, ce renégat royal, et de Gambetta, ce renégat bourgeois, mais qu’on respecte dans le Louvre le musée de l’art international.

Il n’est meilleur terrain pour faire germer et développer l’art qu’une société libre, entièrement libre. Tous les tyrans de génie qui, sous prétexte d’encourager les talents, ont pensionné leurs flatteurs aux frais des