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Rien n’est plus tyrannique qu’un parvenu, qu’un être fraîchement émancipé. Débarrassée du joug de l’État, il est probable que la Commune[1] cherchera à régenter les corporations ; qu’à leur tour, celles-ci n’auront pas toujours un respect suffisant de la liberté individuelle.

Un tel organisme, disons le mot, un tel gouvernement, pourrait être plus oppressif que celui de l’État, parce qu’il serait un maître plus immédiat.

C’est en sens inverse qu’est appelée à se former une société harmonique : le point de départ sera non plus l’État, être fictif, au nom duquel des lois aveugles régissent des millions d’êtres dissemblables de tempérament, de goûts et de caractère, mais l’individu, — l’individu qui est le germe de

  1. Nous entendons ici non la Commune anarchiste idéale, mais la Commune qui naîtra au lendemain de la révolution et qui, sorte de Conseil des corporations, jouira d’une autorité dont elle sera fatalement portée à abuser si la masse des travailleurs ne prend soin de la maintenir dans ses attributions.