Page:Malherbe - Œuvres, éd. Lalanne, t1, 1862.djvu/147

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Et le fit repentir aussitôt que pécher.

Henri, de qui les yeux et l’image sacrée
Font un visage d’or à cette âge ferrée,
15Ne refuse à mes vœux un favorable appui ;
Et si pour ton autel ce n’est chose assez grande,
Pense qu’il est si grand, qu’il n’auroit point d’offrande
S’il n’en recevoit point que d’égales à lui.

La foi qui fut au cœur d’où sortirent ces larmes,
20Est le premier essai de tes premières armes ;
Pour qui tant d’ennemis à tes pieds abattus,
Pâles ombres d’enfer, poussière de la terre,
Ont connu ta fortune, et que l’art de la guerre
A moins d’enseignements que tu n’as de vertus.

25De son nom de rocher, comme d’un bon augure,
Un éternel état l’Église se figure ;
Et croit, par le destin de tes justes combats,
Que ta main relevant son épaule courbée,
Un jour, qui n’est pas loin, elle verra tombée
30La troupe qui l’assaut, et la veut mettre bas.[1]

Mais le coq a chanté pendant que je m’arrête
A l’ombre des lauriers qui t’embrassent la tête,
Et la source déjà commençant à s’ouvrir
A lâché les ruisseaux qui font bruire leur trace,
35Entre tant de malheurs estimant une grâce,
Qu’un Monarque si grand les regarde courir.

Ce miracle d’amour, ce courage invincible,
Qui n’espéroit jamais une chose possible

  1. 30. La troupe qui l’assaut, etc., les hugnenots.