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CXVIII

FRAMTENTS.

À MONSEIGNEUR LE CARDINAL DE RICHELIEU.


Imprimés pour la première fois dans l’édition de 1630.

« J’ai su de M. de Racan, dit Ménage, que Malherbe avoit fait ces deux stances plus de trente ans avant que le cardinal de Richelieu, auquel il les adresse, fût cardinal, et qu’il en changea seulement les quatre premiers vers de la première stance pour les accommoder à son sujet. J’ai su aussi de M. de Racan que le cardinal de Richelieu, qui avoit connoissance que ces vers n’avoient pas été faits pour lui, ne les reçut pas agréablement quand Malherbe les lui fit présenter : ce qui fit que Malherbe ne les continua pas. »

Richelieu ayant été créé cardinal en 1622, ces vers remonteraient donc à l’année 1592 tout au moins, suivant Racan et Ménage.

Grand et grand prince de l’Église,
Richelieu, jusques à la mort,
Quelque chemin que l’homme élise,
Il est à la merci du sort ;
5Nos jours filés de toutes soies
Ont des ennuis comme des joies ;
Et de ce mélange divers
Se composent nos destinées,
Comme on voit le cours des années
10Composé d’étés et d’hivers.

Tantôt une molle bonace
Nous laisse jouer sur les flots ;
Tantôt un péril nous menace,
Plus grand que l’art des matelots ;