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FRANÇOIS DE MALHERBE

Et qu’avecque ton bras elle a pour la défendre
   Les soins de Richelieu :

Richelieu, ce prélat de qui toute l’envie
Est de voir ta grandeur aux Indes se borner,
Et qui visiblement ne fait cas de sa vie
   Que pour te la donner.

Rien que ton intérêt n’occupe sa pensée,
Nuls divertissements ne l’appellent ailleurs ;
Et de quelques bons yeux qu’on ait vanté Lyncée,
   Il en a de meilleurs.

Son âme toute grande est une âme hardie,
Qui pratique si bien l’art de nous secourir,
Que, pourvu qu’il soit cru, nous n’avons maladie
   Qu’il ne sache guérir.

Le ciel, qui doit le bien selon qu’on le mérite,
Si de ce grand oracle il ne t’eût assisté,
Par un autre présent n’eût jamais été quitte
   Envers ta piété.

Va, ne diffère plus tes bonnes destinées ;
Mon Apollon t’assure et t’engage sa foi
Qu’employant ce Typhis, Syrtes et Cyanées
   Seront havres pour toi.

Certes, ou je me trompe, ou déjà la Victoire,
Qui son plus grand honneur de tes palmes attend,
Est aux bords de Charente en son habit de gloire,
   Pour te rendre content.

Je la vois qui t’appelle, et qui semble te dire :
Roi, le plus grand des rois et qui m’es le plus cher,
Si tu veux que je t’aide à sauver ton empire,
   Il est temps de marcher.