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MARC-ANTOINE DE SAINT-AMAND


Au vif éclat de ses rayons,
 Flattés d’un gai zéphire,
Ces monts sur qui nous les voyons
 Se changent en porphyre,
Mi sa splendeur fait de tout l’air
Un long et gracieux éclair.

Bref, la nuit devant ses efforts,
 En ombres séparée,
Se cache derrière les corps,
 De peur d’être éclairée,
Et diminue ou va croissant,
Selon qu’il monte ou qu’il descend.

Le berger, l’ayant révéré
 À sa façon champêtre,
En un lieu frais et retiré
 Ses brebis mène paitre,
Et se plaît à voir ce flambeau
Si clair, si serein, et si beau.

L’aigle, dans une aire à l’écart,
 Étendant son plumage,
L’observe d’un fixe regard
 Et lui rend humble hommage,
Comme au feu le plus animé
Dont son œil puisse être charmé.

Le chevreuil solitaire et doux
 Voyant sa clarté pure,
Briller sur les feuilles de houx
 Et dorer leur verdure,
Sans nulle crainte de veneur
Tâche à lui faire quelque honneur.