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MARC-ANTOINE DE SAINT-AMAND


Au même temps, il semble à voir
 Qu’en éveillant ses charmes,
Cette belle lui fait savoir,
 Le teint baigné de larmes,
Quel ennui la va consumant
D’être si loin de son amant…

Reine des fleurs, apaise-toi ;
 Voici venir Sylvie,
Qui t’apporte en elle de quoi
 Contenter cette envie,
Car sa main de lys a dessein
De te loger en son beau sein.


La Nuit


 PAISIBLE et solitaire nuit,
  Sans lune et sans étoiles,
 Renferme le jour qui me nuit
  Dans tes plus sombres voiles ;
Hâte tes pas, déesse, exauce-moi,
  J’aime une brune comme toi.

 J’aime une brune dont les yeux
  Font dire à tout le monde
 Que, quand Phébus quitte les cieux
  Pour se cacher sous l’onde,
C’est de regret de se voir surmonté
  Du vif éclat de leur beauté.

 Mon luth, mon humeur et mes vers,
  Ont enchanté son âme ;
 Tous ses sentiments sont ouverts
  À l’amoureuse flamme ;