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FRANÇOIS DE MALHERBE


En ce nombre infini de grâces et d’appas,
Qu’en dis-tu, ma raison ? crois-tu qu’il soit possible
D’avoir du jugement et ne l’adorer pas ?


Sur l’absence de la Même

BEAUX et grands bâtiments d’éternelle structure,
Superbes de matière et d’ouvrages divers,
Où le plus digne roi qui soit en l’univers
Aux miracles de l’art fait céder la nature ;

Beau parc et beaux jardins, qui, dans votre clôture,
Avez toujours des fleurs et des ombrages verts,
Non sans quelque démon qui défend aux hivers
D’en effacer jamais l’agréable peinture ;

Lieux qui donnez aux cœurs tant d’aimables désirs,
Bois, fontaines, canaux, si, parmi vos plaisirs,
Mon humeur est chagrine et mon visage triste,

Ce n’est point qu’en effet vous n’ayez des appas ;
Mais quoi que vous ayez, vous n’avez point Caliste,
Et moi je ne vois rien quand je ne la vois pas.


À la Reine, Mère du Roi
sur les heureux Succès de sa Régence

NYMPHE qui jamais ne sommeilles,
Et dont les messages divers
En un moment sont aux oreilles
Des peuples de tout l’univers,
Vole vite, et de la contrée
Par où le jour fait son entrée