Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/126

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de Hélios pénètrent, en effet, l’espace et épient toute chose cachée, bientôt mise par eux au grand jour ; aussi l’idée de savoir s’allia de bonne heure au nom du dieu-soleil. Apollon passa encore pour lire en l’esprit de Zeus plus intimement qu’aucun dieu ; et quoiqu’il puisse vous faire part de maints secrets, il en existe certains qu’il ne doit jamais révéler. Ne l’appelle-t-on pas aussi le dieu du chant et de la musique ? sang doute (fig. 76) ; mais la leçon la plus primitive de la légende veut qu’il ait acquis ces dons d’Hermès, à qui ils appartenaient par droit de naissance.

Le culte d’Apollon fut en Grèce de tous le plus largement répandu, et eut la plus grande influence sur la formation du caractère grec. Le Conseil des Amphictions, la grande association religieuse des Grecs, tint ses réunions à l’ombre du temple du dieu, dans la ville de Delphes ; et l’on dit des réponses données par les prêtresses delphiennes, qu’elles ont plus d’une fois changé le cours de l’histoire grecque.

Apollon ou Phœbus-Apollon n’est pas un dieu latin. Ce nom est emprunté aux Grecs et tout ce qu’on rapporté du personnage est grec également. Rappelons-nous que le nom de sa mère Latone n’est qu’une forme latine du grec Léto, lequel, à son tour, est simplement une forme du nom de Léda, la mère des deux Dioscures. L’idée du dieu de la lumière est exprimée par le mot Lucérios ou Lucessius, le vieux nom osque de Jupiter.