Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/139

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Quant à l’histoire de Prométhée, elle se rapporte à la flamme apportée du ciel, tandis que le feu allumé par Hermès est l’ignition produite dans les forêts par le frottement, au grand vent, de leurs branches.

Étudions chacun des détails fournis par le récit fait plus haut : tous sont de quelque intérêt. Ainsi Hermès ne mangea pas de la viande rôtie par le feu qu’il avait allumé, parce que, quoique le vent produise la flamme, il ne peut, lui-même, consumer ce que dévore le feu. Le retour d’Hermès à la caverne où il est né n’est autre chose que l’apaisement de l’orage, avant qu’il s’endorme enfin dans les bruits charmants. Il faut voir en la défense que Hermès présente à Zeus de sa cause, ce semblant d’abandon montré par la douce brise, incapable de se faire ouragan. Le bruit fait par Hermès, quand Apollon le saisit entre ses bras, expliquez-le par la mélodie des vents, capable d’éveiller des sentiments de joie ou de tristesse, de regret ou de désir, de crainte ou d’espoir, d’aise véhémente ou de suprême désespoir. Si Phoïbos refuse de faire part de sa sagesse à Hermès, c’est que les rayons du soleil peuvent descendre au-dessous de la surface de la mer et de la darder leur éclat à travers le pur espace du ciel, lieu où l’haleine du vent ne peut se faire sentir. Phoïbos confie à Hermès en retour de sa lyre certains pouvoirs : il le fait gardien des coursiers du soleil ; l’enfant reçoit aussi une verge pour les conduire. Les nuages brillants doivent, en d’autres termes, se mouvoir à travers le ciel quand le vent les conduit. La musique d’Hermès réjouit enfin et calme les enfants des hommes, et son souffle élève les esprits des morts à leur demeure invisible. Hermès possède, en sa qualité de guide des