Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/190

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Athéné prit la tête de la Gorgone et la plaça sur son égide. Si l’on se souvient, il reste à faire s’accomplir l’avertissement donné par l’oracle de Delphes au roi Acrisios. Quand Persée retourna avec Danaé à Argos, Acrisios, qui avait grand’ peur, s’enfuit à Larisse, où il fut reçu par le chef Teutamidas. Persée y vint aussi, pour participer aux jeux célèbres qui devaient se donner en la plaine, devant la cité. D’un bout à l’autre il triompha ; mais pendant qu’il jetait ses disques, l’un d’eux dévia et tua Acrisios. Certaines légendes veulent que le chagrin de cette mort qu’il avait causée involontairement l’ait amené à céder à son parent Mégapenthès la souveraineté d’Argos ; il aurait alors été mourir dans la cité de Tiryns, entourée par lui d’énormes murailles.

Voyez-vous à quelles histoires cette légende ressemble surtout ? À celles d’Héraclès, nous l’avons dit ; puis à d’autres que nous verrons : exploits de Thésée, de Bellérophon, de Céphale et d’Œdipe. L’avertissement donné à Acrisios se trouve dans plus d’un conte : Laios est averti, à Thèbes, qu’il sera tué par son fils ; Priam, dans Troie, est averti que son enfant causera la ruine de cette ville. Même prophétie est aussi faite aux parents de Télèphe, de Kuros (le Cyrus des Latins), de Romulus, et de bien d’autres.

Suites ordinaires de cet avertissement : les enfants sont exposés, quelques-uns sur le flanc d’une colline, tels qu’Œdipe, Pâris et Télèphe ; plusieurs sur la mer, tels que Dionysos et Persée ; ou dans un berceau sur le bord d’une rivière, comme Romulus. Dans les différents cas, ils sont sauvés ; et l’époque de leur croissance, jusqu’à l’âge d’homme, est généralement décrite avec les mêmes