Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/266

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qui les fixe ne fait pas actuellement l’objet de notre étude. L’intérêt, alors qu’on s’occupe de Mythologie, sera sollicité par une comparaison attentive entre les éléments qui composent ces grandes épopées communes à la race, et satisfait par une découverte, à savoir qu’elles sont indiscutablement empruntées à un fond commun. Excluons, au même titre que la question littéraire, la question historique : certes l’Iliade et l’Odyssée, attribuées à un personnage multiple que la légende nomme Homère ; le Ramayânâ et le Mahabâratâ, œuvres d’un Valmîki et d’un Vyasi allégoriques ; les Nibelungen et les Saga, enfin, illustrent, avec une authenticité incontestable, les époques féodales de la Grèce primitive, l’Inde farouche et héroïque des régions septentrionales, et nous initient à des mœurs réelles : mais ces armes, ces parures, ces costumes, tout le décor, appartiennent à des personnages imaginaires, réductibles, comme les dieux, en quelque phénomène naturel. Qu’on serait étonné, menant une pareille étude au-delà des grandes épopées, et jusqu’aux légendes populaires, de trouver que non-seulement ces amples récits faits pour les demeures illustres ou de vastes réunions, mais les contes de fées qui ont égayé le foyer séculaire, ne sont jamais « QU’UNE DES NOMBREUSES NARRATIONS DU GRAND DRAME SOLAIRE ACCOMPLI SOUS NOS YEUX CHAQUE JOUR ET CHAQUE ANNÉE » [1]. Inconsciente, à coup sûr, lors de sa composition par le poète, mais authentique. Ne nous y trompons pas : « la guerre de Troie a été livrée dans toute terre aryâque. Partout on voit la recherche de la brillante jeune fille volée, et, partout, le

  1. Gde Myth., et jusqu’à la fin du chapitre.