Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/294

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le héros vint à Aïa, où la belle Circé changea nombre de ses hommes en porcs (fig. 227), mais se vit forcée par Odyssée de leur restituer leur forme première, celui-ci ayant reçu d’Hermès une herbe qui rendait sans puissance les charmes de la magicienne.

Les dangers ne cessent point là. Circé avertit le héros du péril plus grand des Sirènes, qui, assises dans leurs grottes vertes et fraîches, persuadaient aux marins de passage de venir se reposer et d’oublier tout labeur et leurs peines. Ceux qui cédaient au sortilège contenu dans la douce musique de ces nymphes, voyaient leurs vaisseaux lancés et mis en pièces contre les rochers. Odyssée, en conséquence, boucha les oreilles de ses matelots avec de la cire : comme il désirait entendre, lui, le chant des charmeresses, il se fit attacher étroitement au mât, et, de la sorte, conjura le péril. Toutefois il eut à lutter ferme pour sa liberté, quand l’écho de la berçante musique monta doucement dans l’air chaud et privé de souffle. Perte, après cela, de beaucoup d’hommes, dévorés par les deux monstres Scylla et Charybde, qui les absorbèrent dans leurs horribles tourbillons. Le reste de l’équipage disparut dans une tempête, après avoir tué quelques têtes du bétail d’Hélios, que Phaétuse et Lampetie, les filles brillante et étincelante, du premier Matin menaient en Trinacrie. Odyssée, secoué pendant bien des heures sur la mer, fut jeté à demi mort sur le rivage d’Ogygie. La belle Calypso le mena avec amour dans sa grotte, et l’y garda sept ans, bien qu’il lui tardât, cette fois encore, d’être chez lui. Hermès, enfin, ordonna à la nymphe de laisser aller son captif ; et elle l’aida à construire un radeau, qui le mena à quelque distance sur