Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/48

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tana, devient pour les Perses Thraetana, tandis que Verethragna, ou « exterminateur de Verethra », le Feridun de la poésie épique postérieure, répond au Vritrahan védique ou « exterminateur de Vritra. » Feridun est, à son tour, l’exterminateur de Zohak (nom qui s’écrivait d’abord Azi-dahâka, le serpent qui mord) ou de Ahi, qui nous reporte cette fois à l’Echidna grecque. Le nom de Zohak reparaît dans celui d’Astyage (Asdahag), roi de Médie, qui est défait et détrôné pair son petit-fils Kuros (appelé à tort, en français, d’après le latin exclusivement : Cyrus), comme Laios, roi de Thèbes, est tué par son fils Œdipe.

Le germe de pareille idée morale, je le retrouve aux hymnes védiques : dans une prière déprécatoire que font quelquefois les adorateurs, voulant que Vritra, l’ennemi, n’étende point sur eux son pouvoir. Ce combat du bien et du mal a été désigné sous d’autres noms ; on en parle aussi comme du grand conflit entre Ormuzd et Ahriman. Qu’est-ce qu’Ormuzd ? Le nom du dieu bon. Un mot perse ? Non. On ne peut même l’expliquer par la langue perse, mais le Zendavesta donne ce nom sous la forme Ahurômazdâo, nous reportant ainsi au mot sanscrit Asurômedhas, qui signifie « esprit sage ». Un autre nom d’Ormuzd était Speutô-mainyus, ou « l’esprit saint ». Le nom donné dans les livres anciens au pouvoir opposé à Ahurômazdâo est celui de Drukhs, mot qui signifie simplement « tromperie ».

Qu’est-ce donc que le nom d’Ahriman ? C’est un nom qui veut dire un esprit du mal et qui fut donné, dans une époque postérieure, au pouvoir connu en tant que Vritra et que Drukhs. Dans le Zendavesta, l’esprit saint