Page:Mallarmé - Les Poèmes d’Edgar Poe, maquette, 1888.djvu/145

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Pour le cœur dont les maux sont Légion, c’est une pacifique et calmante Région. — Pour l’esprit qui marche parmi l’ombre, c’est — oh ! c’est Eldorado ! Mais le le voyageur, lui, qui voyage au travers, ne peut — n’ose pas la considérer ouvertement. Jamais ses mystères ne s’exposent au faible œil humain qui ne s’est pas fermé ; ainsi le veut son Roi, qui a défendu d’y lever la paupière frangée ; et aussi l’âme en peine qui y passe, ne la contemple qu’à travers des glaces obscurcies.

Par une sombre route nue, hantée de mauvais anges seuls, où un Idole, nommée Nuit, sur un trône noir debout règne, j’ai erré avant de ne revenir que récemment de cette extrême et vague Thulé.