Page:Mallarmé - Les Poèmes d’Edgar Poe, maquette, 1888.djvu/205

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A. F.

Bien aimée, parmi les maux pressants qui s attroupent autour de mon sentier terrestre — morne sentier, hélas ! où ne croît pas même une rose solitaire, mon âme a, du moins, un soulas dans des rêves de toi, et y sait un Éden de chers repos.

Ton souvenir est pour moi comme une île enchantée au loin dans une mer tumultueuse — quelque océan vaste et libre, tressautant de tempêtes — mais où néanmoins les cieux les plus sereins sourient continuellement juste au-dessus dé cette brillante île.

. . .

Je ne prends point garde que mon sort terrestre n’a presque rien de la terre, que des années d’amour ont été oubliées dans la haine d’une minute : mon deuil n’est point que les désolés même ne soient plus heureux — bijou ! que moi, mais que vous vous chagrinez de mon sort, moi qui suis un passant.