Page:Mallarmé - Les Poèmes d’Edgar Poe, maquette, 1888.djvu/245

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si je puis parler ainsi, sur la poésie lyrique, fille avérée de la seule inspiration. Tout l’extraordinaire est dans cette application, nouvelle, de procédés, vieux comme L’Art. Y a-t-il, à ce spécial point de vue, mystification ? Non. Ce qui est pensé, l’est ; et une idée prodigeuse s’échappe des pages qui, écrites après coup (et sans fondement anecdotique, voilà tout) n’en demeurent pas moins congéniales à Poe, sincères. A savoir que tout hasard doit être banni de l’œuvre moderne et n’y peut être que feint ; et que l’éternel coup d’ailes n’exclut pas un regard lucide scrutant l’espace dévoré par son vol. Noir vagabond des nuits hagardes, ce Corbeau, si l’on se plaît à tirer du poème une image significative abjure les ténébreux errements, pour aborder enfin une chambre de beauté, somptueusement et judicieusement ordonnée, et y siéger à jamais.

STANCES A HÉLÈNE (Page )

« Ces stances ont en elle une grâce et une symétrie de dessin que peu de poëtes atteignent dans leur vie, et sont aptes à montrer ce qu’on ne peut exprimer que par ces mots contradictoires d’expérience innée : ainsi les juge le célèbre poète Russel Lowell.