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CHANDERNAGOR ET LE DÉCAN

cependant réussirent à passer outre pour devancer les Français sur le bord de la rivière et leur en disputer le passage. La petite rivière coule dans un ravin profond, dont le bord opposé était occupé par l’ennemi. Il était donc nécessaire que Law ne fût pas dépossédé de la rive la plus rapprochée, jusqu’à ce que ses hommes se fussent emparés de l’autre. Il fut convenu que, pendant qu’il traverserait avec son infanterie, d’Arambure, avec tous ses canons, couvrirait son passage, et tiendrait en échec l’ennemi qui se rassemblait en grand nombre à sa suite. D’Arambure exécuta cette manœuvre avec valeur et habileté. Quand Law eut effectué son passage, d’Arambure fit passer ses canons un à un, sans interrompre son feu ; aussitôt qu’il y en avait un de replacé sur l’autre bord, il était chargé, et défendait ainsi le passage des autres ; les Mahrattes n’osèrent ni ne purent s’opposer à cette manœuvre.

La rivière traversée, la route devenait facile. La vue d’Hydérabad rendit des forces aux soldats fatigués. Quoique entourés et harcelés sans cesse, ils avançaient toujours, très-favorisés par la quasiabstention de Janodgi et de Ramchunder. Ce ne fut toutefois que vers cinq heures du soir qu’ils eutrèrent à Hyatnuggur, après une marche non interrompue de vingt-deux heures, ayant surmonté des obstacles que les attaques continuelles de l’ennemi rendaient dix fois plus sérieux. Leurs pertes étaient assez importantes : vingt-cinq Européens, dont deux officiers, avaient été tués ; soixante-cinq blessés ; les Cipayes, beaucoup plus nombreux, avaient souffert en proportion. On calcula que l’ennemi avait dû perdre deux mille hommes, ce dont on ne doit pas s’étonner, puisque les Français avaient brûlé quarante mille caiiouches de mousquet, outre leurs munitions d’artillerie.

Quatre heures après, de Bussy apprenait l’arrivée du détachement à Hyatnuggur, et envoyait aussitôt un corps de cent quarante Européens et mille Cipayes, avec des provisions et des chariots pour les malades et les blessés. Pour prévenir toute attaque pendant la marche du convoi, il assaillit le camp du soubab avec les forces qui lui restaient. Toutes choses ayant tourné au gré de ses désirs, le lendemain à dix heures du matin, Law entra à Hydérabad, sans avoir vu un seul eunemi depuis Hyatnuggur.