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Sophie Gay une forme inattendue de la célébrité.

Dans la nuit du 27 août 1813, le bombardement de Dresde mit le feu à une maison où demeurait Mlle Amélie de X… ; le jeune et brave colonel du 6e régiment de lanciers, Victor de Galbois, la sauva de l’incendie ; une idylle s’ensuivit. Idylle brève, idylle interrompue comme la plupart de celles de ce temps-là.

Victor écrivit. Amélie, s’imaginant qu’un lien aussi rapidement noué ne résisterait sans doute pas aux hasards d’une longue séparation, ne répondit point tout d’abord. Il insista. Au moment où elle se décidait à répondre, un empêchement survint, et retarda le départ du billet destiné à Galbois.

Amélie était la fille d’un officier de l’ancien régime, qui, en garnison à Boulogne-sur-Mer, avait épousé la comtesse Mac Carthy. À la Révolution, l’officier noble alla servir dans l’armée de Condé ; on confisqua ses biens ; sa femme dut quitter la France. Ils confièrent leur enfant encore au berceau à sa marraine, la duchesse de Deux-Ponts, sœur du roi de Saxe et veuve du frère aîné du roi de Bavière. La duchesse fit élever Amélie dans un couvent de Franconie jusqu’à l’âge de quinze ans, puis la garda auprès d’elle une année en Bavière, d’où Amélie se rendit en Saxe.

Son premier billet à Victor de Galbois amena un malentendu, comme il s’en produit souvent entre amoureux, gens d’humeur susceptible. Tout s’arrangeait cependant, lorsque le retour de Napoléon de l’île d’Elbe retarda la solution de l’aventure, et compliqua la situation. La cour intervint pour don-