Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/142

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mais qu’il soit tranquille, elle ne m’attirera plus désormais tant d’amertume de sa part, et il ne l’en tendra qu’à propos des sentiments d’amitié que je lui ai voués. Mon prochain départ pour Paris me privera du plaisir d’accepter son invitation nuptiale ; mais je n’en prendrai pas moins de part au succès de tout ce qui pourra contribuer à son bonheur[1]. »

En l’été de 1817, le comte Alexandre de Lameth s’y rencontre avec Emeric David, un archéologue ami de la famille Enlart. Sophie Gail y passe plusieurs jours. Elle retouche une romance dont Sophie Gay signe les paroles et la musique, Moeris, et dont la vogue va être considérable. Cette œuvrette correspondait exactement à la sensibilité à la mode.

   Mais d’où me vient tant de langueur ?
Qui peut causer le chagrin que j’ignore ?
   Près des objets de son bonheur,
Mon triste cœur, hélas, soupire encore.
   Pourtant zéphir est de retour,
On dansera ce soir sous le feuillage,
   Rien n’est changé dans ce séjour…
Moeris lui seul a quitté le village (bis).

   Quoi ! Ces bouquets, ces prés fleuris
Dont j’aimais tant la fraîcheur, le silence,
   Ces chants d’amour, de jeux suivis,
Tous ces plaisirs n’étaient que sa présence.
   Hélas ! Combien je hais le jour
Qui l’éloigna de notre humble ermitage.
   Tout renaîtrait dans ce séjour
Si Moeris seul revenait au village (bis).

  1. Lettre de Sigismond Gay à Sophie Gay, 1816, arch. Détroyat. — Pinard : Histoire, Archéologie, Biographie de Longjumeau, Paris, 1864, in-8°, p. 333.