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UNE MUSE ET SA MÈRE



INTRODUCTION


J’usais encore mes culottes sur les bancs du collège de Boulogne-sur-Mer, lorsque je découvris les romantiques. Ce fut un éblouissement. Un de mes camarades, féru d’admiration pour eux, attisait mon enthousiasme. Il me récitait avec flamme des vers de Lamartine, de Hugo, de Musset, de Vigny ; il me prêtait les romans de Balzac et de Hugo. Je complétais cette documentation par des séances à la bibliothèque municipale. Je me rappelle le bibliothécaire, chauve et souriant ; cet excellent homme accueillit vers cette époque avec la plus grande bienveillance et une entière confiance un savant allemand parmi les plus cotés, qui, subrepticement, découpa les plus belles miniatures d’un des manuscrits anciens les plus rares de la bibliothèque, et les glissa dans sa serviette. On ne s’aperçut du vol qu’après son départ. On courut à ses trousses jusqu’à la gare : le train s’ébranlait quand on arriva. On télégraphia à Paris. Le savant savait l’art de se défiler, et oncques ne put-on lui mettre la main au