Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/202

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Suisse en compagnie et aux frais d’un Allemand, Charles Delmar, dont le père s’enrichit en payant à Napoléon les frais de la guerre perdue par la Prusse ; Auger prétend avoir dès cette époque pres senti « la future M"° de Girardin, se faisant une auréole des vers qu’elle récitait ».

Le 20 septembre, nos deux voyageuses visitent Lausanne, puis Vevey et La Meillerie. Sophie Gay rêve aux impressions que lui procurera la vue de Coppet. « Là, dit-elle, m’attendent les souvenirs des plus vives émotions que jamais aucun livre m’ait produites, et je commence à ne plus compter que sur les souvenirs, eux seuls sont fidèles. » Hélas, « le duc de Broglie, en qualité d’ancien ami à moi, a voulu nous faire lui-même les honneurs de son château, et cela m’a privée du plaisir de rêver à mon aise dans ce triste lieu ; je n’ai pu avoir un pauvre petit tête-à-tête avec Mme de Staël. »

Contrairement à son précédent projet, elle va à Berne, y rend visite au baron de Krudener qu’elle a connu à Aix-la-Chapelle, et au ministre de France, comte Auguste de Talleyrand, qu’elle prie de viser son passeport pour retourner en France. Le 1er octobre, elle traverse une dernière fois Genève où une lettre de Coulmann lui apprend que la santé de sa sœur l’a rappelé à Strasbourg. Elle prend le chemin du retour par la Bourgogne, ne séjourne guère à Paris, et dans les premiers jours de novembre se réfugie à Villiers-sur-Orge avec Delphine, pour s’y reposer des fatigues du voyage.

Elle ne se doute certes pas que la police de la Restauration, ne la trouvant pas dans le midi de la