Et sous la coupole immortelle,
Le génie inspiré se révélait deux fois,
Lorsque tu chantais, pâle et belle,
Et brillais au milieu des anges et des rois.
Lutèce a cru revoir sa céleste Patronne ;
Ta voix de notre Gloire a marqué tous les pas ;
Tu chantes les lauriers dont elle se couronne :
Il en est un pourtant que tu ne chantes pas.
La foule t’accompagne à l’enceinte divine ;
Elle brûle à tes pieds un encens qui t’est dû,
Et tout bas se demande, en écoutant Delphine,
Si la femme est montée, ou l’ange descendu[1].
Un joli billet de Sophie Gay remercie le troubadour de ce compliment bien tourné. « Delphine, qui aime encore mieux la poésie que la gloire, regrette presque d’être l’occasion de ces vers charmants ; car elle les dirait sans cesse. Jamais la flatterie n’a employé de plus doux accents pour séduire. C’est bien l’harmonie la plus céleste et la plus dangereuse. Oh ! Ce plaisir d’être ainsi chantée doit consoler de bien des peines ! » Delphine en a, nous saurons bientôt lesquelles.
- ↑
Delestre : Gros, sa vie et ses œuvres, Paris, 1845, in-8°, p. 189,
341, 363. — G. Dargenty : le Baron Gros, Paris, 1887, in-8°, p. 60. —
A.-M. et J.-J. Ampère : Correspondances et Souvenirs de 1805 à 1864,
rec. par Mme H. C[hevreux], Paris, 1875, deux volumes in-18, I, 314. —
Ch. Blanc : Histoire des peintres, p. 22. — Le Globe, 7 mai 1825. —
Duchesse d’Abrantès : Mémoires sur la Restauration, Paris, 1836, six
volume in-8°, VI, 109, passage repris dans les Mémoires d’une femme de
qualité, V, 160. — L. Séché : le Cénacle de la Muse française, p. 181.—
Jules de Rességuier : Tableaux poétiques, Paris, 1828, in-8°, p. 67. —
Laissez-passer de Gros pour Delphine Gay, arch. Détroyat. — P. Lafond
l’Aube romantique, Jules de Rességuier et ses amis, Paris, 1910, in-12,
p. 120.