Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/264

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jamais. L’empressement de la foule oblige Delphine à fermer ses fenêtres par une chaleur torride ; encore, les curieux la regardent-ils à travers les vitres.

Ce jour-là, elle fait la connaissance personnelle de Marceline Desbordes-Valmore, qui la juge : « Je sus bientôt par moi-même qu’elle était bonne, vraie comme sa beauté. En l’examinant avec attention, on ne tombait que sur des perfections, dont l’une suffit à rendre aimable l’être qui la possède. » Au mois d’octobre suivant se constitue à Lyon l’Académie provinciale, avec cette fière devise : « Lyon contre Paris ». Mais pour recruter les cinquante académiciens titulaires, on doit faire appel à une trentaine d’écrivains de Paris ; eux seuls donnent un lustre à l’Académie. Delphine y voisine avec Adolphe Thiers.

De Lyon, elle passe les Alpes, avec arrêt à l’hospice du Mont-Saint-Bernard. Là, l’inspiration lui dicte une ode, l’Écho des Alpes, qu’elle dédie aux religieux, et où sous l’épigraphe : « Dieu seul est grand ! » elle évoque les souvenirs d’Annibal, de Jules César et de Napoléon :

    Quel fut le fruit de leur conquête ?
    Le poison, le fer, et l’exil !
    La gloire des bienfaits est la seule éternelle !

Sophie Gay tient du général marquis de Lagrange une lettre de recommandation pour Lamartine, secrétaire d’ambassade à Florence. Par malchance, elle ne peut la lui présenter : il est à Rome. Elle compte l’y retrouver, et continue son voyage sur Terni. Auprès de cette petite ville, on visite une cas-