Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/267

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homme ; on voyait que sa mère, en la portant dans ses flancs, avait trop regardé les dieux de marbre. »

Elle se lève en l’entendant venir ; il salue la mère, qui le présente à sa fille. De la communion de leurs âmes devant la splendeur de la nature naît une amitié profonde. Lamartine s’est toujours défendu de tout sentiment plus tendre. « C’était de la poésie, mais point d’amour. Je l’ai aimée jus qu’au tombeau sans jamais songer qu’elle était femme ; je l’avais vue déesse à Terni. »

Elle lui fait promettre de lui envoyer des vers à Rome. Il lui fait promettre de répondre, et de venir avec sa mère passer une quinzaine à Florence, où l’inspiration la visitera sûrement. On retourne ensemble à Terni. Le soir même, on se sépare, les unes continuant leur voyage vers la ville éternelle, l’autre regagnant Florence[1].

À Rome, les dames Gay se présentent d’abord à l’ambassadeur de France. Elles le connaissent de longue date : c’est le duc de Laval-Montmorency. Sa maison est, sans contredit, la plus brillante de Rome ; lui seul donne des bals et des fêtes. Le plus grand monde y paraît. Bon gentilhomme, grand aristocrate, il en a les manières nobles et distinguées, mais avec un air distrait qui surprend. Il erre dans son salon une lorgnette à la main, et ne cache pas sa surprise en saluant des personnes qu’il invita la veille. Il aime conter, et il bégaie. Il est constam-

  1. Mme Vigée-Lebrun : Souvenirs, V, 149. — Boucher de Perthes : Sous dix rois, Souvenirs de 1791 à 1860, Paris, 1863, huit volumes in-12, l I, 155. — Stendhal : Correspondance, III, 408. — Lamartine : Cours familier de littérature, I, 101 et suiv. — Faguet : Amours d’hommes de lettres, Paris, sans date, in-12, p. 196.