Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/277

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phine ; dans un autre, sa statue ; et des tableaux, des bustes, dont celui de Byron.

La duchesse reçoit « avec cette grâce héréditaire qui avait acquis à sa mère tant de cœurs ennemis, avec cette politesse affectueuse qui fait pardonner la toute-puissance ». Elle s’exprime sur les événements et les personnes qui ont décidé ou profité de sa chute, avec tant de modération, de justice et d’impartialité, qu’on oublie comme elle la part qu’elle eut dans ces révolutions. Un seul signe trahit sa peine : les larmes qui embuent son regard lorsqu’on parle de la France. « Visitée par les talents les plus distingués de l’Europe, elle offre l’exemple d’une disgrâce honorée, et d’un malheur sans rancune. »

À Arenenberg, la vie s’écoule doucement. L’après midi, on se promène autour du lac de Constance, On va visiter le tombeau de Charles le Gros, ou bien on se livre au charme de la conversation ; la reine, élève d’Isabey, montre des portraits, des miniatures qu’elle a peints. Lorsqu’il survient pour le dîner des hôtes inattendus, la reine s’écrie :

— Tous mes plans sont dérangés. Je comptais parler philosophie, voilà maintenant qu’il va falloir parler littérature et voyage…

Et comme Delphine ne comprend pas, la reine a la bonté de lui expliquer en riant cette énigme : Mme Campan, dont Hortense de Beauharnais fut l’élève, prétendait qu’il fallait régler la conversation d’un diner sur le nombre des convives. Si l’on est douze à table, il faut parler voyages, littérature ; si l’on est huit, il faut parler beaux-arts, sciences,