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La duchesse de Duras est morte, et son salon fermé. Parmi ceux où Delphine dit ses vers à cette époque, le comte d’Haussonville signale celui de la comtesse de Chastenay, « une sorte de bureau d’esprit en plein faubourg Saint-Germain ». On y joue des pièces de Brifaut. On y rencontre le comte Alexis de Saint-Priest. Le 29 mars 1829, grande soirée : la Muse doit réciter le septième chant de son poème de Magdeleine, intitulé « la Tentation ».

Cette attraction n’est pas la seule. On a beaucoup parlé depuis quelque temps dans la société pari sienne d’un mariage projeté entre Delphine Gay et Armand-Charles-Louis de Lagrange, général de division et comte de l’Empire, qu’il ne faut pas confondre avec son frère aîné, le marquis de Lagrange. Elle a vingt-cinq ans, il en a quarante-six. Les cheveux du général, déjà blancs, n’altèrent pas la jeunesse de sa physionomie. Il est riche et de bonne compagnie, de taille grande et de figure martiale, « façon des militaires du premier Empire ».

Or, on croit savoir que le mariage ne tient plus. Jacquot, dit Mirecourt, poursuivi plus tard par Émile de Girardin devant les tribunaux et condamné pour diffamation, explique que les allures trop « directoriales » de Sophie Gay en sont la cause. À une soirée chez Gérard où se trouvait le comte, elle serait entrée « avec toutes sortes de chassés-croisés et de pas de gavotte », en chantant :

    d’Angers à Delphine Gay, 2 septembre 1828, arch. Détroyat. — Henry Jouin : David d’Angers et ses relations littéraires, Paris, 1890, in-8°, p.35-47, et David d’Angers, sa vie, son œuvre, I, 179, 203, 267, 576.— Eckermann : Conversations de Gœthe, II, 189.