Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/324

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cesse de Chimay ; il faut placer là le début des relations de l’enfant avec le docteur Cabarrus, fils d’Ouvrard et de Mme Tallien. Jusqu’à l’âge de huit ans, le garçonnet est l’objet des soins affectueux de ses parents. Arrivent les événements de 1814 : son père se rallie à Louis XVIII, et épouse Mlle de Vintimille ; sa mère ne le considère plus que comme un remords. Et cet enfant de huit ans, en pleine connaissance, voire d’une intelligence précoce, apprend qu’Émile Delamothe n’est pas son nom ; il subit cette dureté du sort : passer de la tendresse à l’indifférence et à l’aversion. Au point de vue affectif, au point de vue social, cette suprême injustice n’est-elle pas la plus douloureuse des écoles ? Quelle expérience de la vie celui qui l’éprouve ne doit-il pas acquérir du coup !

Remis à un ancien officier, Darel, blessé en Égypte et nanti d’un petit emploi dans la vénerie (Louis XVIII a nommé le général de Girardin grand veneur), il est transféré au haras du Pin, en Normandie, chez le père de Darel. Sa marraine, Mlle Du Bourg, qui va devenir Mme de Varaignes, habite non loin de là le château de son père : Émile y a ses entrées ; il en profite pour dévorer la bibliothèque.

Il a dix-sept ans. Mme de Senonnes, femme du secrétaire général de la Maison du roi, le remarque, et l’emmène à Paris. Peu après, Émile suit dans sa disgrâce Senonnes révoqué. Il entre en qualité de commis chez un agent de change. Lesté d’un petit pécule de douze cents francs de rente sur les fonds espagnols, il les joue, et en perd les deux