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difficultés qu’il rencontrera pour se marier, avec, pour dot, le malheur de sa naissance ; il n’ose dire le premier : « J’aime… » Quelques pensées dénoncent pour son âge une étonnante maturité d’esprit. « Je ne hais pas les hommes. Je ne sais pas si je les méprise. — Il semble qu’écrire soit pour l’imagination une existence physique. — Le plaisir qui coûte une illusion ne la remplace jamais »[1].

Quatre éditions s’enlèvent coup sur coup. Ce succès décide l’auteur à publier, la même année, un nouveau volume : Au hasard, pages sans suite d’une histoire sans fin, manuscrit trouvé dans le coin d’une cheminée, et mis au jour par Ad. Bréant. La dédicace occupe une page blanche : un A suivi de points, des guillemets à la ligne qui reste blanche, et, tout en bas et à droite, en petits caractères : « Hommage d’un auteur modeste ». L’introduction explique ce rébus : « Pour laisser à tous ceux qui achèteraient ce livre, la satisfaction d’inscrire eux-mêmes leurs noms sur la page blanche de l’immortalité ». Comme dans Émile, il a jeté là les réflexions que l’injustice de sa situation lui inspire, les pensées que lui suggère une expérience rapidement et douloureusement acquise, et servie par une intelligence aiguë. « Le secret pour avoir une idée, c’est de la

  1. Intermédiaire des chercheurs, LXXXV, 792. — D’Estournel : Derniers souvenirs, p. 321. — Bonnes feuilles d’une notice jointe aux notes de Sainte-Beuve, Lov., D, 1991<mall>279. — Monsieur Émile de Girardin, par un journaliste, Paris, 1887, in-12, p. 26. — Lamartine : Cours familier de littérature, XVIII, 277. — D’Alton-Shée : Mémoires, Paris, 1869, I, 155. — Jules Rouquette : les Défenseurs de la République, Emile de Girardin, Paris, 1877, in-8°, 8 pages. — Falloux : Mémoires d’un roya liste, I, 54. — Marquis de Bonneval : Mémoires anecdotiques, Paris, 1900, in-16, p. 256.