Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/46

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le ménage Liottier a transféré ses pénates du numéro 24 de la rue du Sentier en 1793, au 540 de la rue de Gramont en 1795, et au 342 de la rue Basse-du-Rempart en 1798. La jeune femme a ouvert son salon. Les relations de son mari dans le monde de la finance, et les siennes, lui permettent d’y grouper déjà des personnalités intéressantes. Mais ce salon n’a rien de politique ; s’il se teinte légèrement de littérature, il est avant tout voué à la musique. La maîtresse de la maison, excellente musicienne, se fait entendre dans des romances de sa composition ; elle déploie son double talent de cantatrice et de pianiste. Les plus illustres chanteurs et exécutants se font entendre chez elle : Laïs, Viotti, d’Alvimare, ancien garde du corps devenu harpiste et compositeur, que, sans craindre l’hyper bole, certains comparent à Orphée, et Garat qui, lorsqu’il la rencontrera dans un salon, voire dans une salle de concert, ne voudra chanter qu’accompagné par elle. Le compositeur Blangini, qui se glorifiera plus tard de ses amours avec Pauline Bonaparte, et dont les nocturnes, les opéras, connaissent déjà une grande vogue, évoque le souvenir de ce milieu où il rencontrait l’élite des gens d’esprit, des hommes de lettres et des artistes. La plus aimable bienveillance y accueille tous les talents, et il note « le charme inexprimable de la maîtresse de la maison »[1].

Elle entre en relations avec les personnages les

  1. Escudier : la France musicale, Paris, 1855-1856, p. 110. — H. Fleischmann : Dessous de princesses et de maréchales d’Empire, p. 132. — F. Blangini : Souvenirs, Paris, 1834, in-8°, p. 349.