Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/53

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à l’intérieur avec infiniment d’élégance et de goût, et où une pièce reproduit le boudoir d’Aspasie. Sophie Liottier trace un bref et saisissant croquis des principaux convives. D’abord le maître de la maison, au visage remarquable par sa douceur. « Rien dans ses manières ne s’oppose au désir qu’on éprouve d’oublier la plupart de ses actions politiques en faveur de celle que l’amour lui inspira pour le salut de la France. » Assis à droite de Mme Tallien, Barras, « un homme d’une taille imposante, dont le regard audacieux rappelle autant l’insolence d’un petit gentilhomme que la fierté d’un grand démocrate ; plus galant que poli, il affecte le langage léger, et ne parle des affaires publiques qu’en témoignant sa répugnance pour ce genre de conversation ». Cependant il lui faut bien se déranger au milieu du dîner pour recevoir les dépêches de Hoche qu’un courrier lui apporte.

À la gauche de Mme Tallien, un petit bossu devenu grand prêtre, le directeur La Réveillère-Lépeaux, qui rêve l’établissement d’un culte nouveau reposant sur le déisme, celui des théophilanthropes. « Rien n’est plus plaisant que sa fureur de convertir, si ce n’est la gravité de ceux qui se croient obligés d’écouter ses longs discours sur la nécessité de reconnaître un Dieu ». Bonaparte l’écoute en donnant les signes du plus profond dédain. Il est assis auprès d’Eugène de Beauharnais. Personne ne prête attention à lui. On écoute un ex-marquis dont le babil rappelle les petits soupers de Versailles. Bonaparte surveille jalousement un brillant colonel d’artillerie et Marie-Joseph Chénier qui