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Page:Mandat-Grancey La brèche aux buffles - 1889.djvu/97

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la brèche aux buffles.

Tout alla bien d’abord. Ollinger chargea avec ostentation un fusil à deux coups dont il était armé. Il fit même remarquer à Billy qu’il mettait dix-huit chevrotines dans chaque canon : puis il appuya le fusil contre le mur, et comme l’heure du déjeuner était arrivée, il se mit à la tête des cinq prisonniers qui allaient à l’hôtel, laissant le sixième sous la surveillance de Bonny, qui, pour passer le temps, s’était plongé dans la lecture d’un journal.

Cette lecture fut désagréablement interrompue par un énorme coup sur la tête qu’il reçut tout à coup de Billy, qui avait trouvé moyen de faire passer une de ses mains à travers la manille de ses menottes. En le voyant debout devant lui, le malheureux Bonny fut pris d’une telle peur, qu’il se précipita du côté de la porte pour se sauver. Mais Billy lui avait déjà arraché son propre revolver de sa ceinture et le tua raide d’une balle dans le dos. Ceci fait, il prit au râtelier toutes les armes qui y étaient, y compris le fameux fusil à deux coups, et ouvrant la fenêtre, il attendit les événements.

Le coup de revolver avait été entendu à l’hôtel. Ollinger accourait.

— Hello ! Bob ! cria Billy, du haut du balcon.

Ollinger leva la tête et reconnut son prisonnier.

— Voilà votre fusil ! Bob ! Le reconnaissez-vous ? Vous le voyez, quand on charge un fusil, on ne sait jamais pour qui l’on travaille.

La vérité de ce principe fut aussitôt démontrée, car on entendit une double détonation, et Ollinger roula sur le sol, les reins brisés.

Il y avait là à ce moment une foule de citoyens. M. Charles Siringo dit même à leur sujet un mot que je trouve superbe : Nearly all of whom sympathised