Page:Mangin, La force noire, Hachette, 1910.djvu/302

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Sans doute, la smala est parfois gênante en station : il faut écouter d’interminables palabres avec une inlassable patience, et dire pour terminer le mot qui convient et qui apaise tout. Et ce n’est pas tout : il y a une hiérarchie parmi les femmes, éta-

    viste pour le reconduire. Grosse émotion, car les plus grands malheurs arriveraient s’il mettait le pied sur le moindre fétu de paille :
    « Les villages dahoméens sont si propres et si bien tenus que le roi peut les parcourir tous sans avoir à redouter pareille occurrence.
    « Déjà à Abomey, le jour de la prise de cette capitale, nos camarades avaient admiré l’extrême propreté de la voirie. S’il en était ainsi dans les jours désastreux où la monarchie croulait et où chacun fuyait la capitale envahie, qu’on juge de ce qu’il devait en être de la cour du roi en ce jour de fête.
    « Combien il serait à souhaiter que les maires de certains de nos villages — voire de nos villes importantes — pussent s’inspirer des principes de propreté édilitaire en vigueur dans l’ancien royaume de Béhanzin ! Dans ce malheureux pays, ruiné par la guerre et par les mesures de dévastation systématique que le vaincu, avec une admirable ténacité, opposait pied à pied à l’invasion, on aperçoit partout des ruines, mais pas une immondice.
    « … Maintes fois je suis entré en France dans des maisons villageoises, et, arrivant le matin, j’y ai trouvé des enfants ébouriffés et chassieux, le lit défait, les hardes en tas dans la chambre, le balai en mouvement ou en suspens. La meilleure ménagère a de ces moments dont elle s’excuse et dont on l’excuse : je n’ai jamais surpris un intérieur dahoméen dans ce désarroi passager. (Dahomé-Niger-Touareg, par le commandant Toutée, p. 71).
    Il en est de même dans toute l’Afrique occidentale.
    Le même auteur compare le mariage chez les noirs et chez les Arabes : « Goûtez-en, chère madame, et vous préférerez dix ans de servitude chez un nègre à dix mois de mariage avec un Arabe… Il n’y a guère que les pays arabes où l’homme paie en brutalités les services que lui rend sa moitié. Les ménages noirs que j’ai vus se conduisent à peu de chose près comme les ménages français ou anglais, etc.» Op. laud., p. 155.
    La condition de la femme était déplorable en pays berbère, même avant l’Islam. Du temps de Pline, les Romains s’étonnaient de voir des femmes âgées attelées à la charrue côte à côte avec